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La colère au travail, une opportunité ? (magazine HEC)

La colère est une émotion vécue très différemment d'un individu à l'autre. Autant sur le plan de son extériorisation : "colère explosive" ou "colère froide" par exemple, que sur ses éléments déclencheurs.




Pourquoi certains se mettent en colère très facilement alors que d’autres ont beaucoup de mal à le faire ?

Cela est dû à notre propre "intelligence émotionnelle et nerveuse ». C’est-à-dire notre capacité à comprendre, à connaître (et à accepter) nos tendances réactionnelles, nos sources de sensibilité et de nervosité les plus fortes.

Cette émotion à laquelle tout humain a droit alors que beaucoup se l'interdisent, est comme une "compétence" acquise dès la petite enfance auprès de nos proches et de leurs styles colériques. Par exemple, avoir vu des colères violentes physiquement ou verbalement peut nous amener à nous permettre, à savoir entrer dans ce registre de manifestation bruyante voire menaçante. D’autres au contraire refuseront toute extériorisation de ce type, rejetant ainsi un comportement au souvenir douloureux avec la volonté de manifester d'autres valeurs...

Comment mieux comprendre les mécanismes de la colère ?

La colère est une émotion qui en cache d’autres. La colère est une émotion « finale », le résultat d'une série d’événements internes et externes. Avant que le bouchon ne saute, beaucoup d’autres émotions ressenties se sont accumulées. L’émotion créée par le fait initial a augmenté notre rythme cardiaque, notre chaleur corporelle, notre nervosité. Ainsi le corps envoie à son tour des alarmes physiologiques pouvant être du stress, du danger ou interprété comme tel puisque le corps est en alerte. Cet état contribue à déclencher après le fait initial (1er moteur) le deuxième moteur de la fusée émotionnelle vers la stratosphère colérique. Cette dernière est atteinte à l’aide du 3ème étage : des pensées en cascades se sont invitées, des scénarios négatifs, voire catastrophiques, ont été imaginés (ici encore le corps « encaisse » des impacts affectifs stressants). On atteint ensuite rapidement l’espace quand l’interlocuteur concerné par notre colère l’ignore ou la renforce par sa réponse comportementale. A ce stade, on peut perdre pied, perdre le « contrôle » de soi, en faire une question vitale si on se sent menacé, humilié, rejeté...

Comment mieux comprendre les causes de sa colère ?

L’enjeu pour éviter les conséquences parfois dramatiques au travail d'une crise colérique est donc de reconnaître les différentes étapes de la montée de colère (chaque moteur) et d’identifier nos émotions comme l’anxiété, la peur, la frustration et/ou notre état de fatigue, de tensions.

Quand j’interviens en entreprise lors d’un accompagnement ou d’une formation, les managers sont souvent surpris de découvrir les vraies causes de leurs colères, c’est productif de changements profonds. Ils prennent conscience pour certains d'avoir utilisé leur colère pour mettre en place une domination et remettre en situation d'enfant « grondé » leur collaborateur quand ce n'est pas le début d'une forme de harcèlement…

En tant que manager dois-je réprimer ma colère ?

Un manager est particulièrement soumis au stress, aux tensions de toutes natures quotidiennement. Sa posture managériale sur le plan émotionnel contribue à la performance, à la cohésion et au bien-être de son équipe. Savoir exprimer ses émotions en affirmant ses ressentis, son mal-être et les difficultés associées est important pour tous. S'il est bon animateur, il aura pour qualité de reconnaître la dimension émotionnelle de chacun. Il tiendra par exemple à détecter un collaborateur en difficulté ou en souffrance, à amener un échange, à ne pas l’ignorer ou attendre que cela passe tout seul.

Le manager peut-il se mettre en colère ?

Le manager pourrait se mettre en colère (avec une forme adéquate) exceptionnellement, s’il juge qu’une situation est grave et préjudiciable. Il peut marquer ainsi le coup (attention à la sensibilité de chacun), retenir l’attention. Un comportement colérique répété, une personnalité caractérielle, use les collaborateurs et enlève les repères sur l’importance de chaque problème ainsi que l’envie de collaborer spontanément.

Émotions : quelle posture managériale ?

Le "Healthy Management" est une nouvelle tendance de management et de développement de performance par la santé au travail. La bonne santé psychologique et donc la performance individuelle qu'elle permet se préserve au quotidien. Ainsi on peut développer une posture de management avec des comportements favorisant l’expression des ressentis ET les émotions qui vont avec. Cela favorise la capacité à s'exprimer de chacun et donc les facteurs clés de performance comme la collaboration, la confiance, le leadership, l’animation...Je propose un atelier de sensibilisation en entreprise sur ce thème.

Le manager doit-il permettre la colère de ses collaborateurs ?

S’il s’est mis en colère, le manager doit accepter aussi pour chacun de pouvoir l'être. Au manager de démontrer sa valeur d’exemplarité dans la colère par sa volonté de rester ouvert au dialogue et à la résolution du conflit que demande à résoudre la colère. Il insuffle ainsi à l’équipe de la « confiance émotionnelle », de « la liberté émotionnelle » au travail.

Y a-t-il une « bonne » façon d’exprimer sa colère ? La colère peut-elle être nécessaire au travail ?

Professionnellement la colère peut être un facteur dynamisant si elle apporte l’expression d’un ressenti sincère, un échange avec la personne concernée et la manifestation de vouloir apporter des solutions au conflit, au problème, au lieu de l’introversion, de la fuite, de la menace ou de verbalisations violentes ou insultantes. Parfois la colère peut rassurer une équipe sur la présence de l’autorité et ses capacités à assumer ses responsabilités, à tenir un cap et des valeurs.

Comment la colère au travail peut-elle devenir une opportunité de management ?

C'est l'opportunité d'identifier un conflit et de le dénouer, de comprendre les difficultés rencontrées, d'éviter une aggravation, de se saisir de l'importance et de la gravité d'une situation. C'est l'occasion de se saisir des dysfonctionnements, des incidents avant les accidents, c'est une première information « brute » pour le manager. S'il ignore la colère produite, il peut passer à côté de l'essentiel et rater une opportunité.

A propos de l'auteur

Frédéric Laura dirige l’agence-conseil ACCODIR spécialisée dans l'accompagnement des chefs d'entreprise, de dirigeants, managers et indépendants en recherche de soutien et de mieux-être.

Article publié dans la revue HEC "Hommes et Commerces" sous la direction de Thomas Lestavel

#management #colere #emotion #dirigeant #manager #cadrehttps://thomaslestavel.files.wordpress.com/2017/03/colere.pdf

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